Publié le 06 mars 2025 par Martin Scavinner, mis à jour le 11 mars 2025
Le Couvent des Jacobins en 8 anecdotes historiques
L’histoire cachée du Centre des Congrès de Rennes Métropole.
De monastère médiéval à centre des congrès, le Couvent des Jacobins cache bien des secrets. Vestiges antiques, découvertes insolites, personnages historiques… Remontez le fil de son histoire à travers 8 anecdotes étonnantes sur les différentes pièces de ce lieu mythique.
Depuis sa fondation en 1369, le Couvent des Jacobins a toujours été un lieu d’accueil et de diffusion du savoir. Pas étonnant donc que le monument ait été choisi pour devenir le tout nouveau Centre des Congrès de Rennes Métropole – un équipement ultra moderne permettant de vivre des événements d’envergure dans un lieu historique de la capitale bretonne : conventions, congrès, salons, expositions, concerts, etc. La boucle est bouclée ! Et entre hier et aujourd’hui, l’histoire du Couvent des Jacobins compte évidemment son lot de mystères et d’anecdotes savoureuses.
Les galeries du cloître
Le corps sans cœur
Si les galeries du cloître restent un espace de déambulation autour du jardin central du Couvent, elles accueillent aujourd’hui les stands des congressistes et leur permettent d’accéder aux différentes salles de commission du rez-de-chaussée. Saviez-vous que c’est à l’angle sud-est de la galerie – dans la chapelle Saint-Joseph – qu’a été découvert le secret le mieux gardé du Couvent ? Lors des fouilles précédant l’aménagement du Centre des Congrès, les archéologues remontent en effet des entrailles de la chapelle un lourd cercueil de plomb. Grâce à cette enveloppe hermétique, le corps de la défunte est dans un état de conservation exceptionnel : tout y est… ou presque ! Ne manque que le cœur – retiré pour un cardiotaphe au nom de son mari : Toussaint de Perrien. Les archives permettent ensuite d’identifier la défunte épouse du chevalier : Louise de Quengo, aristocrate rennaise et mécène du Couvent, morte en 1656. Ainsi, les archéologues espèrent bien retrouver un jour le corps du chevalier… avec le cœur de Louise de Quengo. L’enquête continue !
La chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle
Le commerce des offices
Dès le XVIème siècle, la chapelle du Couvent des Jacobins a été le lieu du plus important pèlerinage de la capitale bretonne. La raison : l’exposition d’un tableau de la Vierge à l’Enfant – auquel est attribué une série de miracles – mettant fin à une épidémie de peste et à un incendie géant notamment. Les notables de la ville qui le souhaitaient pouvaient ainsi louer et entretenir des enfeus pour être enterrés au plus proche de cette image de la Vierge et bénéficier des prières des frères dominicains. La chapelle est aujourd’hui devenue l’espace privilégié où organiser des buffets au Centre des Congrès de Rennes Métropole, mais les traces de ce commerce des offices sont encore visibles ! Regardez du côté de ces niches funéraires et lisez sur la voûte de l’une d’entre elles : « Ci-gît Georges Anges ». Et si le tableau de la Vierge à l’Enfant n’est plus exposé aux Jacobins aujourd’hui, vous pouvez le retrouver à l’église Saint-Aubin, voisine du Couvent, qui n’est autre que la Basilique Notre-Dame de Bonne Nouvelle.
©Destination Rennes
Le Jardin du cloître
Dans les allées de Condate
Le jardin du cloître du Couvent des Jacobins est un lieu de pause particulièrement apprécié des congressistes, où ils peuvent prendre le soleil entre deux rendez-vous. Mais saviez-vous que l’origine de Rennes est là, juste sous vos pieds ? Le Couvent est en effet situé à l’emplacement exacte du forum de Condate, c’est-à-dire le cœur de la vie sociale, économique et culturelle de la ville antique de Rennes. L’endroit semblait donc tout désigné pour accueillir le nouveau Centre des Congrès de la Métropole. Lors des fouilles du Couvent des Jacobins, les archéologues ont mis au jour deux anciennes voies gallo-romaines – à l’intersection desquelles se trouvaient un monument cultuel, le siège d’associations de métiers et des locaux commerciaux. Le jardin du cloître est ainsi traversé par une partie du cardo (axe nord-sud) et bordé par une domus (résidence aristocratique). Venir assister à un événement au Couvent des Jacobins, c’est aussi s’offrir une plongée vertigineuse dans l’histoire de Rennes.
La Nef
Le Couvent ravagé par les flammes
La Nef du Couvent des Jacobins est un des plus beaux espaces du nouveau Centre des Congrès. Difficile à croire quand on connaît l’histoire du Couvent… Saviez-vous en effet que la nef a été victime d’un terrible incendie ? Après la Révolution, les frères dominicains laissent définitivement la place aux militaires. Ces derniers entreprennent alors divers aménagements pour transformer le Couvent en lieu de stockage : vivres, vêtements… et fourrage ! En 1821, les stocks de foin entreposés dans la nef prennent feu et détruisent le plafond de l’église. Aujourd’hui, l’endroit a retrouvé toute sa superbe gothique : charpente en berceau, lumière traversante et vaste hauteur sous plafond. Transformé en un grand auditorium pouvant accueillir jusqu’à 400 personnes, la nef a bénéficié d’un traitement acoustique en conséquence et a été équipé de matériaux de pointe pour garantir des événements sans la moindre réverbération. Une véritable prouesse technique !
Les Dortoirs
Quand le chat n’est pas là…
Au temps du Couvent, les Jacobins pouvaient loger jusqu’à soixante-dix frères et une dizaine d’hôtes de passage au premier étage du bâtiment. Cette tradition d’accueil se poursuit avec le nouveau Centre des Congrès puisque, dans sa nouvelle configuration, environ 300 personnes peuvent assister à des événements dans l’une des salles de commission du Couvent, la salle des Dortoirs. Et saviez-vous qu’une chatière y a été découverte ? Un passage qui donne directement sur les combles de la chapelle Saint-Joseph. Un environnement sombre, chaud et isolé qui était idéal pour… les rats ! Afin d’éviter la dégradation de la charpente et la propagation des maladies dans le Couvent, les bénédictins avaient donc la possibilité de lâcher les Chartreux dans le couvent directement depuis leurs chambres.
Le Réfectoire
Quand la musique adoucit les mœurs
Avec ses 200m², l’ancien réfectoire du Couvent des Jacobins est devenu l’une des principales salles de commissions du Centre des Congrès de Rennes Métropole. Fidèles à leur tradition d’accueil, les frères dominicains mettaient déjà à l’époque leur salle à manger à disposition pour de grandes réunions laïques : confréries de métiers, assemblées des chevaliers de l’Ordre de l’Hermine, Etats de Bretagne, etc… Des moments qui pouvaient être assez houleux si l’on en croit les archives – comptant les dédommagements reçus par les religieux pour des portes et des fenêtres cassées. Mais saviez-vous que les archéologues ont de leur côté retrouvé dans le réfectoire du Couvent une partition gravée sur une plaque de schiste ? Un chant pour soprano qui n’avait pas été entendu depuis… plus de 5 siècles ! Aujourd’hui, le Centre des Congrès résonne encore de la grande musique puisque le Couvent accueille en résidence l’Orchestre National de Bretagne, qui se produit régulièrement sur la scène du Grand Auditorium.
La salle capitulaire
Une sœur parmi les frères du Couvent
Le Couvent était un immense lieu d’inhumation : plus de 1200 tombes ont été découvertes lors des fouilles archéologiques réalisées en prévision de l’ouverture du Centre des Congrès. Les laïcs étaient enterrés dans le sous-sol de la chapelle, de l’église ou de la nef alors que les frères dominicains reposaient dans les espaces du Couvent qui leur étaient réservés. Plusieurs de leurs sépultures ont ainsi été retrouvées dans la salle capitulaire. Mais saviez-vous qu’au milieu de leurs tombeaux a été retrouvé… le corps d’une femme ? Etonnant pour un Couvent réservé aux hommes… Qui était-elle et pourquoi a-t-elle été enterrée avec les moines : voilà les questions qui continue d’animer la communauté scientifique ! En attendant, les congressistes peuvent profiter de la salle capitulaire : l’espace accueille aujourd’hui l’office de tourisme de Rennes Métropole (accessible via le 1 rue Saint-Malo) et leur permet de faire le plein de souvenirs de leur passage dans la capitale bretonne.
Le salon Ouest
La bibliothèque du Couvent
Le Centre des Congrès de Rennes Métropole met à disposition plusieurs « salons » : de petits espaces ouverts et confortables qui permettent de travailler au calme, de tenir des réunions en petits comités ou encore de réseauter. Mais saviez-vous que le salon Ouest du premier étage est à l’endroit exact de l’ancienne bibliothèque du Couvent des Jacobins ? Les Dominicains sont un ordre de prêcheurs : ils voyagent pour répandre la bonne parole, accueillant au Couvent les paroissiens venus les écouter. Ils forment aussi les frères novices de toute la région.
Pour remplir leurs missions, les Dominicains de Rennes pouvait donc s’appuyer sur une bibliothèque comptant entre 3 500 à 5 000 ouvrages. Une partie de ce fonds, aujourd’hui abrité au sein de établissement culturel rennais Les Champs Libres, permet de mieux cerner l’enseignement délivré au Couvent. Avec des livres de théologie bien sûr, mais aussi de philosophie et de droit canon en latin, et quelques trésors, comme une bible du XIIIème siècle décorée de magnifiques enluminures. Devenu centre des congrès, le Couvent des Jacobins a conservé ce rôle de diffuseur de savoir.
L’histoire du Couvent des Jacobins en bref
Avant la construction d’un centre de congrès sur le site du couvent des Jacobins, les fouilles menées par l’Inrap ont permis de retracer les 2000 ans d’histoire du site. Le dossier archéologique complet est en accès libre sur le site web de l’INRAP. Vous pouvez également lire notre résumé à ce sujet : Un lieu chargé d’histoire(s).