Publié le 05 décembre 2022 par Priscilla Gout, mis à jour le 9 février 2024
Sofmer : “Nous voulions un centre des congrès en capacité d’accueillir 2000 personnes”
Le 37ème congrès national de la Société française de médecine physique et de réadaptation (Sofmer) s'est tenu du 1er au 3 décembre Rennes.
Près de 2000 participants français et étrangers ont investi le Couvent des Jacobins. Configuration et superficie des espaces, situation géographique, beauté du bâtiment : des arguments qui ont séduit les organisateurs de l’événement, comme l’explique le professeur Isabelle Bonan, présidente de la Sofmer et chef de service de médecine physique et de réadaptation du CHU de Rennes.
Pouvez-vous présenter votre spécialité : la médecine physique et de réadaptation fonctionnelle (MRP) ?
Elle prend en charge les affections qui compromettent la mobilité et l’autonomie : suites d’un AVC, d’un accident, maladie neuro-musculaire, Parkinson, enfant présentant des troubles attentionnels… Tout le monde peut être un jour concerné. L’objectif de la MPR est de permettre aux patients de récupérer au maximum ce qu’ils ont perdu et, s’ils ne récupèrent pas autant qu’espéré, de trouver des adaptations humaines et/ou techniques pour qu’ils puissent vivre aussi bien que possible. La MPR considère la personne dans son ensemble, pas seulement son trouble. Autour des médecins rééducateurs, elle fait intervenir de nombreux personnels paramédicaux comme les ergothérapeutes, les orthophonistes, les kinésithérapeutes…
Votre congrès a eu lieu à Rennes, c’est une première ?
Nous changeons de ville chaque année et nous ne nous étions jamais réunis à Rennes. Notre dernier congrès en Bretagne remonte à 2007, à Saint-Malo. Avec mon confrère Olivier Rémy-Néris, responsable du service de médecine physique et de réadaptation fonctionnelle à l’hôpital Morvan CHRU de Brest et Président du congrès à venir, nous avons fait acte de candidature pour que ce dernier se passe en Bretagne, terre d’innovations pour notre spécialité médicale. Rennes s’est imposée rapidement et naturellement.
- Vous souhaitez organiser un congrès ? Contactez-nous !
Pouvez-vous nous dire pourquoi ?
D’abord parce que Rennes est une ville dynamique sur le plan de la MPR : CHU, laboratoires de recherche qui s’intéressent à la réalité virtuelle, la robotique ou l’imagerie cérébrale – l’Inria par exemple -, universités, centres de rééducation, entreprises novatrices… Nous pouvons compter sur ces structures pour faire de la recherche, générer des moyens de rééducation innovants qui nous permettent de bien soigner les gens. Il y a en Bretagne, et notamment à Rennes, une collaboration entre acteurs qui fait du territoire un terreau fertile pour la MPR. Empenn (cerveau en breton) en est un exemple : cette unité dont je suis membre, affiliée à Inria, l’Inserm, le CNRS et l’université de Rennes 1, regroupe une équipe pluridisciplinaire de chercheurs en sciences du numérique et en médecine pour favoriser la recherche et développer de nouvelles méthodes d’imagerie.
Pourquoi avoir choisi le Couvent des Jacobins ?
Il nous fallait un lieu suffisamment grand pour accueillir près de 2000 personnes. C’est rare… Nous avons besoin de salles de conférence, d’espaces modulables, de grandes surfaces pour recevoir les dispositifs de rééducation de nos partenaires… Nous occupons tout le bâtiment. Nous voulions également un lieu véritablement accessible : sur le papier, beaucoup de centres des congrès sont accessibles aux personnes à mobilité réduite ; dans les faits, l’accès aux salles l’est, mais pas toujours les zones dédiées aux intervenants, comme les scènes. Au Couvent, elles le sont. Et comme le lieu est neuf, il est à la pointe de la domotique. Il a le charme des vieilles pierres, a été superbement restauré en mixant ancien et contemporain. Il a, enfin, une situation géographique idéale, en coeur de ville, parfaite pour séduire les congressistes.
La soirée de gala s’est également déroulée au Couvent…
Nous avons en effet choisi d’y organiser notre dîner pour deux raisons : d’abord parce qu’il n’est pas évident de trouver un lieu pouvant accueillir près de 500 convives ! Ensuite, parce que la plupart des congressistes étant hébergés dans les hôtels du centre-ville, nous ne voulions pas qu’ils soient obligés de se déplacer en périphérie pour ce dîner. Je pense que certains ne seraient pas venus.
C’est un congrès médical, mais pas seulement : on y a parlé aussi art…
Nous avons inauguré un nouveau format de conférence grand public qui mêle débat et danse, avec un spectacle présenté par une association rennaise dont les danseurs sont à mobilité réduite. Animé par un journaliste, le débat portait sur ce que peut apporter l’art aux personnes à mobilité réduite, et sur le handicap comme source d’inspiration. À Rennes, nous travaillons avec les nombreuses associations liées au handicap que compte la ville et nous n’avons eu aucun mal à trouver une structure intéressée par notre proposition. C’est un milieu très actif, bien soutenu par la ville et Rennes Métropole pour lesquelles la résolution des problèmes d’accessibilité est importante. Beaucoup de mes patients sont d’ailleurs venus vivre à Rennes parce que c’est une ville accessible.
- Plus d’informations : Congrès Sofmer 2022
(Propos recueillis par Béatrice Ercksen)